Club de lecture : un automne en Alsace

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Après les  littératures nordiques, les membres du club de lecture s’intéressent cet automne à l’Alsace.
Cette programmation s’inscrit dans le cadre des 36es Journées Gastronomiques de Sologne (26 et 27 octobre 2013 à Romorantin-Lanthenay) qui mettent cette région à l’honneur.

Une littérature riche, marquée par l’histoire

Après les immensités des terres septentrionales, l’Alsace pourrait paraître bien exiguë pour les membres du club ! Et pourtant, cette région offre de multiples voies d’exploration. Le club de lecture s’intéresse ainsi aussi bien aux auteurs alsaciens (et qui n’ont pas forcément écrit sur leur région), aux romans historiques qui prennent l’Alsace pour cadre ou à des récits situés sur ces deux départements.

 

Au-delà de ces catégories, la problématique de l’identité alsacienne jalonne bien souvent ces écrits.
En effet, tantôt française ou prussienne / allemande, l’Alsace a connu depuis 1871 bien des bouleversements. Ainsi, le destin des malgré-nous reste un sujet douloureux en Alsace et donc très présent chez les auteurs contemporains. Corollaire de cette identité, il nous faut également aborder la question de la langue. En effet, la littérature dite alsacienne peut s’exprimer en français, allemand ou alsacien. Le poète Nathan Katz (1892 – 1981) a ainsi construit une œuvre d’expression dialectale.

Les membres du club de lecture n’auront ainsi pas trop de trois séances pour aborder ce vaste domaine de l’Alsatique et plus globalement des auteurs alsaciens.

Au fait, ça marche comment le club ?

Un jeudi par mois, les membres du club se réunissent de 16h à 18h. La séance débute par la présentation d’un(e) écrivain(e), d’une maison d’édition, etc. Puis chacun des membres présente un ou plusieurs ouvrages qu’il a apprécié, ou non : résumé de l’histoire, présentation de l’auteur, lecture d’un passage, appréciation sur le style d’écriture, etc.

Durant l’automne 2013, le club se réunit :
– jeudi 3 octobre
– jeudi 14 novembre
– jeudi 12 décembre

Une sélection d’ouvrages est proposée aux membres du club. Elle est consultable sur la page d’accueil du catalogue en ligne, en cliquant sur listes (en haut à droite).

La participation au club est libre et gratuite. Il suffit d’être inscrit à la Médiathèque pour pouvoir emprunter des ouvrages.

Club lecture - médiathèque Romorantin

La sélection du club

En guise d’introduction à cette nouvelle saison, voici la présentation de quelques-uns des ouvrages proposés aux membres du club :

  • L’Alsace : une terre d’affrontements

L’est de la France a été marqué par trois conflits successifs (1870-1871 ; 1914-1918 ; 1939-1945). A la suite de ces guerres, l’Alsace a alternativement été française et prussienne / allemande. Plusieurs récits et romans de la sélection du club ont pour trame ces guerres et leurs conséquences.

A lire :

Maurice Denuzière, L’Alsacienne, Fayard, 2009.
L’Alsace et la Lorraine devenues allemandes par la défaite de 1870, Paris accueille de nombreux réfugiés des provinces annexées. Tristan et Max, engagés dans une vie bohème, rencontrent Cléa, jeune Alsacienne. Naît alors un trio fantasque, soudé par une amitié amoureuse.

Marie Kuhlmann, Les filles du pasteur Muller, Pocket 2012.
Elles sont trois sœurs unies vivant au presbytère de Froeschwiller en Alsace. Trois filles aimantes qui, en cet été 1869, vont voir leurs rêves de jeunes femmes bouleversés à la mort de leur mère, Émilie, pilier de la famille. Alors que les Prussiens s’apprêtent à envahir la France en passant par l’Alsace, Frédérique, l’aînée, Lisbeth, la secrète et Dorothée, la benjamine un peu frondeuse, vont traverser de terribles épreuves.

Olivier Larizza, Mon père sera de retour pour les vendanges, Anne Carrière, 2001.
Le 1er août 1914, la mobilisation déchire les familles. Charles et le frère de sa femme, Aurore, sont envoyés au front en Alsace. A l’arrière, en Bretagne, son jeune fils attend son retour, qui ne surviendra pas avant mars 1915. Il lit en cachette les lettres de son père, qui lui révèlent le quotidien du Poilu et l’horreur de la guerre.

Dominique Richert, Cahiers d’un survivant : 1914-1919, La Nuée Bleue, 1994.
Agriculteur à Saint-Ulrich en Alsace, Dominique Richert (1893-1977) est appelé en 1913 sous les drapeaux du côté allemand. Pacifiste, il ne se révolte jamais, il cherche à sauver sa peau sans perdre son âme. Son récit, précis comme un documentaire, impitoyable comme un réquisitoire, témoigne d’une humanité préservée.

Gisèle Tuaillon-Nass, L’étranger alsacien, éditions France-Empire, 1997.
Deux journées ordinaires dans la vie du vieil Augustin, dans ce village près de Belfort où il s’est établi en 1888, lorsque, avec sa famille, il a quitté son Alsace, où lui est devenue insupportable la botte prussienne. 

  • Artistes et écrivains en guerre

Peintre allemand, Franz Marc (1880 – 1916) fonde avec Vassily Kandinsky et August Macke le groupe artistique d’avant-garde Der Blaue Reiter (Le cavalier bleu). Il se porte volontaire en 1914 et rejoint le front en Alsace-Lorraine. Il meurt près de Verdun en 1916. Durant ces deux années de guerre, il rédige une correspondance où l’on perçoit sa réflexion sur les arts dans un contexte de conflit où la mort menace de toute part.

A lire :
Franz Marc, Lettres du front, Fourbis, 1996.
Franz Marc : Tableaux choisis, Gautier-Languereau, 1992.
Pour en savoir plus : cliquer ici.

Jean-Paul Sartre a rédigé des carnets pendant sa mobilisation en Alsace (service météorologie), lors de la seconde Guerre mondiale entre septembre 1939 et juin 1940.

A lire : Jean-Paul Sartre, Carnets de la drôle de guerre, Gallimard, 1995.

Tomi Ungerer a huit ans quand la Seconde Guerre mondiale éclate. Du jour au lendemain, il doit changer de nom, parler allemand, écrire en gothique, faire un dessin raciste pour son premier devoir nazi. Il obéit, il s’adapte. Il devient un caméléon : Français sous son toit, Allemand à l’école, Alsacien avec les copains.

A lire : Tomi Ungerer, A la guerre comme à la guerre : dessins et souvenirs d’enfance, La Nuée Bleue, 1991.

 

L’Alsace continue, encore aujourd’hui, de porter, dans la douleur, l’histoire de ces jeunes enrôlés de force sous l’uniforme allemand pendant la seconde guerre mondiale. A la fin de la guerre, considérés comme nazis, ils ont été emprisonnés en URSS et honnis à leur retour en France.

A lire :

Alfred Kern, Le bonheur fragile, Gallimard, 1960.
L’épopée des malgré-nous et le cheminement d’un peintre, Paul Bachère, ancien de Tambov.
Prix Renaudot, 1960.
Pour en savoir plus, cliquer ici.

Pierre Kretz, Le gardien des âmes, La Nuée bleue, 2009.
Dans un long monologue sans complaisance, non dénué de tendresse et d’humour, un homme raconte pourquoi il s’est retiré du monde. Volontairement reclus dans la cave de sa maison familiale, au cœur d’un petit village alsacien semblable à tous les autres, entouré de photos et de documents, il s’est transformé en « gardien des âmes », celles des soldats disparus en Russlànd, des femmes restées seules, des anciens de la guerre d’Algérie.
Pour en savoir plus, cliquer ici.

Alain Lercher, Les fantômes d’Oradour, Verdier, 1994.
Le livre commence par une relation sobre et précise des faits. Parfois, un très bref commentaire, comme après ce rappel : ce sont des unités aguerries du régiment Der Führer de la division Das Reich, alors qu’elles devaient filer vers la Normandie qui s’attardèrent à Oradour-sur-Glane. Après la guerre est venu le temps du jugement, ou presque. Les officiers allemands n’eurent aucun ennui. Quant aux soldats, la complication vint de la participation d’Alsaciens, les malgré-nous, au massacre.
Pour en savoir plus : cliquer ici et .

Gabriel Schoettel, Le chagrin et l’oubli, Le Verger, 2011.
Automne 1945. Sur le quai de la gare, les femmes se pressent : les mères, tout en noir. Les épouses, avec à la main des tout jeunes enfants venus, peut-être, accueillir ce “papa” qu’ils ont si peu connu. Les jeunes filles, aussi, fiancées tremblantes d’expectative. Toutes attendent un train qui ramène des libérés du camp de Tambov. De Russie.

 

  • Les pérégrinations de deux tchèques en Alsace

En 1938, l’écrivain Jiří Weil (1900-1959) se rend en Alsace. De ce voyage, il tirera le contenu d’une nouvelle : La cathédrale de Strasbourg. Il y opère un rapprochement entre l’Alsace et les Sudètes, deux régions convoitées par le régime nazi. Plus de soixante ans plus tard, Alena Wagnerová, pédagogue, dramaturge et écrivain tchèque effectue le même périple en Alsace… Son récit paraît sous le titre Que peut bien faire un Tchèque en Alsace ?

A lireJiří Weil, Alena Wagnerová, La Cathédrale de Strasbourg ; Que peut bien faire un Tchèque en Alsace ?, BF éditions, 2008.

Pour en savoir plus  : cliquer ici.

 

  •  Deux destins entremêlés : Maximilien (1850-1919) et Léo Schnug (1878-1933)

Quelles destinées tragiques pour ce père et ce fils ! Maximilien a passé les 39 dernières années de sa vie à l’hôpital psychiatrique de Stephansfeld à Brumath (67). Son fils Léo, formé à l’École des Arts décoratifs de Strasbourg, mène quant à lui une carrière artistique marquée par la réalisation de peintures intérieures au Château du Haut-Koenigsbourg (67). Mais, il finit ses jours dans le même établissement que son père.

De cette histoire, Vincent Wackenheim a tiré 89 lettres fictives de Maximilien à son épouse. Tandisque son père, Auguste Wackenheim, avait écrit la biographie du fils Léo.

A lire :
Vincent Wackenheim, La perte d’une chance : 89 lettres de Maximilien Schnug à son épouse Marguerite au sujet d’un rat, d’un nain et de leur fils Léo, Le Temps qu’il fait, 2003.

Pour en savoir plus : cliquer ici.

  •  Des polars au goût de riesling

Mais l’Alsace ne se résume pas à une histoire douloureuse et tourmentée. Des écrivains contemporains ont choisi de camper leurs intrigues policières près du Rhin et ainsi créé des polars « made in Alsace ». L’éditeur Le Verger, basé dans le Haut-Rhin, a même créé une collection dédiée à ces histoires Les enquêtes rhénanes.

A lire :

Club lecture Romorantin - AlsaceJacques Fortier, Sherlock Holmes et le mystère du Haut-Koenigsbourg, Le Verger, 2009 (Enquêtes rhénanes).
Cet auteur contemporain s’empare du personnage de Conan Doyle et lui fait vivre une nouvelle aventure en Alsace.
1909 : La France a perdu la guerre de 1870 et l’Alsace-Lorraine est entrée dans le IIe Reich.
Son nouveau maître, Guillaume II, investit son énergie et ses précieux Goldmarks dans la région. Mais derrière l’intérêt qu’il semble afficher pour l’Alsace, se cachent peut-être d’autres projets… Pourquoi s’est-il pris de passion pour cette vaste ruine qu’est le château du Haut-Kœnigsbourg, pourquoi s’acharne-t-il à la relever et pourquoi, depuis que le bâtiment a été inauguré, y reçoit-il secrètement son état-major ? Dans la campagne anglaise, Sherlock Holmes goûtait aux joies de la retraite ; cette affaire autour de la forteresse va l’obliger à reprendre du service.

Max Genève, Meurtres païens, La Nuée Bleue, 2001.
Lorsque le détective Simon Rose arrive à Strasbourg, il ne sait pas encore ce qui l’attend. Il se contente de savourer la gastronomie locale, avant d’être confronté à de nouvelles spécialités du cru : dans la paisible Alsace, au pied du Mur païen, les disparitions et les meurtres se succèdent, énigmatiques.

Pierre Kretz, Le disparu de la route des vins, Le Verger, 2013.
Une affaire en forme d’inventaire : une jeune veuve antillaise, un œnologue revanchard, un corbeau latiniste, un chanoine… Ancien avocat, Pierre Kretz nous emmène dans les couloirs des palais de justice autant que sur les terrains d’investigation. Et comme toujours avec ce fin connaisseur amoureux de l’Alsace, nous avons droit à une plongée dans la langue, la culture, les réparties et l’histoire alsaciennes.

Robert Reumont, Rouge sur blanc, Cheminements, 2005 (Chemin noir).
Comme chaque année, à l’approche de Noël, l’inénarrable inspecteur Joseph Marnay va passer quelques jours en Alsace, dans sa belle-famille. A peine arrivé, il téléphone à son patron, le commissaire Placide Boistôt. Un viticulteur, Martin Keiler, a été assassiné. Tout désigne sa jeune sœur comme coupable…

Georges Simenon, Le Relais d’Alsace, Le livre de poche, 2003.
M. Serge demeure au Relais d’Alsace, au col de la Schlucht, depuis plusieurs mois et semble avoir quelques difficultés à régler ses notes de séjour. Une forte somme d’argent est dérobée dans la chambre qu’occupent au Grand-Hôtel (en face du Relais) deux riches Hollandais, M. et Mme Van de Laer. M. Serge est suspecté car il se retrouve, le lendemain du vol, en possession d’une forte somme d’argent. Arrivé de Paris pour enquêter, le commissaire Labbé subodore qu’un escroc surnommé « le Commodore » et qu’il a pisté autrefois, est mêlé à cette affaire.

 

  •  René Nicolas Ehni

Et pour clore ce tour d’horizon, voici un auteur alsacien, né dans le Sundgau, mais qui n’a pas écrit sur sa région. René Nicolas Ehni vit aujourd’hui en Crête. Il a écrit plusieurs pièces de théâtre dont certaines ont été mises en onde par France Culture (à écouter ici). Dans son dernier ouvrage Algérie roman, écrit en 2002, 40 ans après les faits, il livre les souvenirs de sa guerre d’Algérie.

On le découvre sur la vidéo ci-dessous à l’aube de son départ pour la Méditerranée en 1991. Trois jours en sa compagnie, en Alsace, pour découvrir l’écrivain.

 

A lire :

René-Nicolas Ehni, Algérie roman, Denoël, 2002.
Il aura fallu plus de 40 à René-Nicolas Ehni pour revenir sur le traumatisme de son expérience de la guerre Algérie, où il fut brusquement confronté à un décor de peurs mais aussi de beautés, comme un corps glorieux plongé dans la pratique de l’horreur et dans un univers militaire dont la langue de bois résonne étrangement aux oreilles du jeune homme déjà bercé de lectures.

 

 


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