Alice au pays des merveilles

Share

CARROLL Lewis, pseudonyme de Charles Lutwidge Dodgson (1832-1898)

C’est au cours d’une promenade en barque que le révérend Charles Dodgson (Lewis Carroll) improvise oralement pour charmer sa passagère Alice Liddell (10 ans) dont il est un peu le précepteur,  la toute première version d’Alice. Ecrit pour la fillette (et à sa demande)  le premier récit donne lieu à une version illustrée par ses soins et intitulée Alice’s adventures underground. Puis en 1865, Macmillan publie le texte, sous le titre Alice in wonderland (Alice au pays des merveilles) mais Lewis Carroll prend en charge les frais d’illustrations : c’est ainsi qu’il choisit  le caricaturiste John Tenniel (dessinateur attitré du journal Punch) avec qui il sera d’une rigueur draconienne, l’accablant de directives très strictes, illustrant pratiquement le livre par procuration.

Alice au pays des merveilles raconte les aventures d’une petite fille dans un pays peuplé de créatures étranges.

Assise dans l’herbe, la jeune Alice s’ennuie pendant que sa sœur lit. Un lapin blanc pressé vient à passer. Sans réfléchir, Alice le suit dans son terrier. La voici au pays des merveilles, où elle change de taille en mangeant une part de tarte, rencontre le chat du Cheshire, qui apparaît et disparaît à volonté, ne laissant derrière lui que son énigmatique sourire. Elle rencontre le lièvre de Mars avec qui elle prend le thé, puis participe à la partie de croquet de la Reine de Cœur… Quand les choses tournent mal et qu’Alice se fait attaquer par les jeux de cartes, elle se réveille auprès de sa sœur. Un monde où le temps, le savoir, l’autorité, la justice et toutes les règles de la bienséance et de la morale basculent dans l’absurde.

A la médiathèque :

Le personnage d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll a depuis sa création, inspiré de nombreux illustrateurs :

Les britanniques ont gardé un lien étroit avec ce récit classique : Anthony Browne, Tony Ross, Helen Oxenbury.  Les illustratrices belge Anne Herbauts et autrichienne Lisbeth Zwerger ont permis une redécouverte  du chef-d’œuvre de Lewis  Carroll.

De nombreux  artistes  européens,  le  néerlandais  Pat Andrea,  le  surréaliste  français Jean-Claude Silbermann, le slovaque Dusan Lallay… ont projeté sur ce récit une image nouvelle.

… et encore bien d’autres  versions d’Alice au pays des merveilles sont à votre disposition au catalogue de la médiathèque !

Les Aventures d’Alice au Pays des merveilles / illustré par Sir John Tenniel ; traduction de Henri Parisot. -Flammarion, 1972.

Sir John Tenniel, par le biais d’une imagerie pseudo naturaliste et totalement illustrative, rendit les personnages socialement identifiables (à la mode victorienne). Sa technique du dessin au trait, méticuleux et précis atteint un haut niveau graphique. Il illustrera Alice au pays des merveilles, de 42 gravures et De l’autre côté du miroir de 50.

Sir John Tenniel, marquera son époque dans l’édition anglaise. Ses images constitueront la référence pour toutes les publications à venir d’Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir.

Les Aventures d’Alice au pays des merveilles / illustré par Anthony Browne ; traduit par Henri Parisot. – Kaléidoscope, 1989.

Anthony Browne est né à Sheffield dans le nord de l’Angleterre en 1946. Il étudie les arts graphiques. Ayant débuté sa carrière comme dessinateur médical, ses dessins sont très travaillés, précis, proches de la réalité. Ses illustrations sont remplies de petits détails que l’on ne remarque pas à la première lecture et présentent toujours beaucoup de trouvailles graphiques et de clins d’œil humoristiques.

Pour l’illustration de ce livre Anthony Browne a voulu s’éloigner le plus possible des images de Tenniel et se concentrer sur l’aspect onirique de l’histoire. L’histoire était tellement ancrée dans son époque  qu’il n’a pas situé les personnages dans un contexte moderne comme il l’avait fait avec  Hansel et Gretel.  Pour traduire l’aspect onirique  de l’histoire, il a utilisé le langage des surréalistes. Tandis qu’Alice tombe dans le trou du lapin, elle voit des objets du quotidien sortis de leur contexte et étrangement rassemblés. Des objets  et des images récurrentes vont revenir dans le pays des merveilles : des clés, des trous de serrure, de l’eau, des chapeaux, des chats, des cochons, des poissons, des chaussures et des tasses de thé. Il a placé des indices tout au long de l’histoire pour le lecteur attentif.

Alice au pays des merveilles / adapté et illustré par Tony Ross ; traduit par Philippe Rouard. – Hachette 1993.

Tony Ross, est né à Londres en 1938, il est considéré comme l’un des plus productifs illustrateurs pour la jeunesse (il est aussi auteur de plus de 80 livres).

La couverture représente le Lapin Blanc avec sa montre courant au premier plan, avec derrière lui sur un talus Alice le regardant d’un air surpris. L’interprétation est aussitôt établie par le style graphique de l’auteur, mêlant aquarelle et dessin au trait noir dans une sorte d’imprécision très fantaisiste. La deuxième image du récit représente Alice tombant dans le puits, l’expression paniquée. Dans les images suivantes, son visage prend successivement différentes expressions, la crainte et l’avidité. Les tons sombres, les couleurs (bleu-violet-noir) suggèrent la panique du Lapin ou l’étonnement d’Alice. Le style vague et imprécis du trait de Tony Ross lui permet néanmoins de représenter certains détails, comme par exemple l’architecture de la maison ou les vêtements des animaux. C’est notamment cette particularité qui singularise cet illustrateur. Les attitudes et expressions de la fillette sont ici variables et très marquées. La façon de Tony Ross de dessiner est rapide et instinctive. Contrairement à John Tenniel ou Lewis Carroll, Tony Ross s’est attaché à illustrer la fin du récit et le retour d’Alice dans le monde réel … Alice tenant la main de sa grande sœur, le regard un peu étonné, comme si elle venait de se réveiller.

Alice au pays des merveilles /  illustré par Helen Oxenbury ; traduit  par Henri Parisot. Flammarion, 2000.

Helen Oxenbury est née en Angleterre en 1938. Diplômée de l’école d’art de Londres, elle commence sa vie professionnelle en créant des décors de théâtre à Colchester en Angleterre en 1960. Elle publie son premier livre pour enfants en 1968. Helen Oxenbury s’intéresse plus particulièrement à la question des textures des surfaces et utilise plusieurs techniques de dessin ; elle expérimente l’étendue des effets qu’on peut obtenir en utilisant le crayon de couleur associé au feutre ou à des lignes douces au stylo. A partir des années 1980, Helen Oxenbury se consacre aux livres cartonnés pour les très jeunes enfants et, encore aujourd’hui, son nom est associé à ces livres, tels les Léo et Popi.

Dans cette interprétation d’Alice au pays des merveilles, Helen Oxenbury pose un regard moderne sur les personnages : Alice est une petite fille d’aujourd’hui aux vêtements et à l’attitude désinvoltes, espiègle et pleine de vie.

Son dessin est réalisé au crayon de couleur,  associé à l’aquarelle mais il n’est jamais trop travaillé. Les illustrations sont simples, réalistes  avec de nombreux détails humoristiques  et proviennent de l’observation qu’elle fait des enfants (le jeu, la curiosité, la gourmandise).

Alice au pays des merveilles / illustré par Anne Herbauts ; traduit par Isabelle et Anne Herbauts. Casterman, 2002.

Anne Herbauts choisit d’illustrer Alice au pays des merveilles inspirée par cette histoire malléable, pleine de jeux de mots, de questions. Pour s’approprier l’originalité du texte, elle décide avec l’aide de sa sœur, de proposer une nouvelle traduction.

Pour l’illustration, elle suit la même démarche que Lewis Carroll et mène des recherches aux musées d’Oxford et de Bruxelles afin d’enrichir son « vocabulaire dessiné ».

Anne Herbauts nous offre son interprétation d’Alice dès la couverture de l’ouvrage… Elle représente les jurés du procès (qui se déroule à la fin de l’histoire) et en quelque sorte les invite à entrer dans l’histoire. Le personnage représenté au dos du  livre, semble être en retard. Le livre constitue ainsi, une boucle.

Alice naît de l’étonnement de voir le lapin blanc. Alice n’est qu’un « A » en ce début d’histoire, elle en a la forme. On comprend vite, que la page est le monde imaginaire. Lorsqu’Alice se retrouve coincée dans la maison du lapin blanc, après avoir absorbé une substance qui l’a faite grandir, c’est au bord de l’espace de la page qu’elle se cogne,  pas besoin de représenter la maison du lapin.

Pour sortir de l’histoire, l’illustratrice a pensé à tout. Lors du procès final, la reine hystérique balance un encrier. L’encre emplie la page et nous révèle,  que ce n’est qu’une feuille de papier. Nous ne sommes plus dans le monde imaginaire.

Une dernière illustration, est inspirée d’un tableau La mort d’Orphée et conclut l’histoire.

Alice au pays des merveilles / illustré par Lisbeth Zwerger ; traduit par Henri Parisot. Nord -Sud, 1999

Née à Vienne en 1954 d’un père graphiste côtoyant les milieux artistiques, la jeune Lisbeth grandit pétrie de ces influences. Elle suit les cours de l’Académie des arts appliqués de Vienne, se résout d’abord à une carrière de peintre mais revient bien vite à son premier choix : l’illustration.

Elle est inspirée par la littérature enfantine, grâce à un livre d’Arthur Rackham, dont le style et la palette lui fournissent une nouvelle inspiration. Elle a gardé une prédilection pour le conte populaire. Son style qui la rapproche des grands illustrateurs anglais du XIX° siècle est facilement reconnaissable des lavis d’encre rehaussés d’aquarelle dans des camaïeux de brun et  gris-bleu.  Dans cette version illustrée d’Alice on perçoit le désarroi de la fillette dans ce monde illusoire. L’illustration est très tendre, poétique et parfois un peu folle à l’image de l’histoire.

Alice au pays des merveilles suivi de De l’autre côté du miroir / illustré par Jean-Claude Silbermann ; traduit par André Bay. Gründ, 2002.

Né en 1935 à Paris, Jean-Claude Silbermann a participé aux activités du groupe surréaliste de 1958 à 1969. Il commence à peindre en 1962, des « enseignes ».

Cet ouvrage offre l’avantage de présenter les deux récits successivement. Le format permet une mise en page aérée du texte agrémenté des très nombreuses illustrations de Jean-Claude Silbermann. Les 180 illustrations sur bois découpés, minutieusement peintes, soulignent habilement les caractéristiques du pays des merveilles. Sur des panneaux de contre-plaqué marouflé d’une toile, chacune des pièces destinées à illustrer Alice est  d’abord dessinée,  puis découpée et enfin peinte à l’aquarelle, puis à la peinture à l’huile.

A la fin des deux histoires, le lecteur découvrira de nombreuses notes et croquis de Jean-Claude Silbermann.

Alice au pays des merveilles suivi de De l’autre côté du miroir / traduit par André Bay ; illustré par Dusan Kallay. Grund, 1985.

Dusan Kallay est né en 1948 en Slovaquie et a fait ses études à l’Ecole d’arts appliqués de Bratislava. Son œuvre est multiple : gravure, peinture, illustration, dessins animés. Pour illustrer Alice au Pays des Merveilles, il a préparé ses originaux à la détrempe sur bois. La tradition des arts graphiques est l’une des plus anciennes dans ce pays, le fantastique y est familier. Tout est symbole dans les images de Dusan Kallay. Son Alice est extrêmement présente et pourtant  cette évidence évolue dans un temps parallèle qui n’est autre que celui de l’enfance avec toutefois le souci littéraire de l’illustrateur qui absorbe un texte pour en recréer le rythme visuel.

Ce livre a valu à son illustrateur, le grand prix de  la  Biennale des illustrations de Bratislava.

Les aventures d’Alice au pays des merveilles (Alice’s adventures in Wonderland) précédé de Alice et le code Andrea / illustré par Pat Andrea ; traduit par Henri Parisot. Diane de Selliers, 2006. Edition bilingue français – anglais

Pat Andrea, peintre et sculpteur néerlandais, né en 1942 à La Haye. Il est l’un des représentants de la Nouvelle Subjectivité.

Fini la fameuse Alice de notre enfance, le visage doux, la chevelure dorée, vêtue de sa robe bleue et de son tablier blanc. Place à une nouvelle icône, plus moderne et entièrement revisitée. Dans leur imposant coffret, on retrouve une version bilingue les deux ouvrages fondamentaux de Lewis Carroll Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir. Alors que les écrits restent fidèles à ceux de l’auteur, les illustrations de Pat Andrea apportent une dimension nouvelle. Mêlant gouaches, aquarelles, crayons de couleur, fusains, collages, feuilles d’or et d’argent… les dessins sont faits de formes démesurées, de couleurs souvent douces ou parfois criardes. Ils permettent par la même occasion de mettre en avant une scène clé de l’histoire ou les expressions faciales des différents protagonistes comme celles d’Alice, du lapin, de la duchesse… De cette confrontation de portraits d’Alice, émerge la création originale de l’artiste Pat Andrea.

Les aventures d’Alice au pays des merveilles / illustré par Aurélia Grandin ; traduit par Elen Riot.  Rue du Monde, 2006.

Aurélia Grandin est diplômée de l’école Estienne. Elle est illustratrice, peintre, graveur.

Elle vit dans le Finistère. Elle a réalisé de nombreuses illustrations pour la presse, des  affiches, des pochettes de disques, notamment pour les Ogres de Barback, ainsi que des livres pour enfants. Les illustrations d’Alice sont un mélange de collages d’images, de cartes, de timbres, de textiles et de dessins au pastel gras avec un contour noir. Les couleurs vives et le style évoquent la  naïveté du dessin d’enfant. Ses illustrations rendent compte des ressources imaginaires enfantines et explosent dans une fête visuelle.

Alice au pays des merveilles a nourri les mouvements artistiques et littéraires contemporains. Les studios Walt Disney donnèrent une interprétation du personnage d’Alice dans leur dessin animé en 1951. Le cinéaste Tim Burton, présente ce printemps 2010 sa version d’Alice.

Sources :

– Visages d’Alice ou les illustrateurs d’Alice avec des textes de  Lewis Carroll, Christiane Clerc, Jeanine Despinette, Jean Gattegno…Gallimard, 1983

– wikipedia

ricochet-jeunes.org

ecoledesloisirs.fr

crdp.ac-creteil.fr

evene.fr



Les commentaires ne sont pas autorisés sur cette page.