Correspondances d’écrivains (3)

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Dans le cadre du festival de la correspondance qui se déroule du 7 au 11 juillet à Grignan, la médiathèque vous propose quelques extraits de correspondances d’écrivains (Mme de Sévigné, Arthur Rimbaud, Virginia Woolf, Truman Capote, Sylvia Plath et Bernard-Marie Koltès).

L’art épistolaire appartient à toutes les époques : de l’Antiquité (Cicéron, Pline le Jeune), au Moyen Âge (Abélard et Héloïse) et à l’époque moderne (Goethe, Flaubert, Baudelaire, Zola…). Dans un nombre appréciable de cas, les lettres échangées étaient d’emblée destinées par leurs auteurs à la publication. Les correspondances d’écrivains (…) concourent à une meilleure connaissance de l’auteur et de la vie littéraire de son époque. (Source : Dictionnaire des termes littéraires, Honoré Champion, 2001)

Voici quelques extraits…

Letters Home, lettres aux siens : correspondance 1950-1956
Sylvia Plath
Antoinette Fouque
(Des femmes)

« Très chère M’man,

À la veille de ton anniversaire, Harper’s s’est manifesté juste à temps pour me permettre de t’apprendre les nouvelles tant espérées : je viens d’être acceptée à titre de collaboratrice professionnelle ! Même à présent, je n’ose encore y croire ! Pourtant ce fantastique chèque de cent dollars m’est parvenu aujourd’hui. Les poèmes acceptés sont deux des villanelles, Doomsday et celui qui t’a tant plu, To Eva Descending the Stairs. Le troisième remonte à l’été dernier, et il est intitulé  Go Get the Goodly squab. J’en ai été d’autant plus surprise que ce dernier m’avait déjà été refusé par l’Atlantic, et négligé par le jury de Smith College, lors du concours de poésie de l’an dernier… C’est l’un de mes préférés sur le plan de l’euphonie et je serais donc ravie de le voir imprimé sous peu…

… C’est à toi, à la personne que je préfère  en ce monde, que je dédie mentalement cette réussite au près de Harper’s.

(…) Je suis tout simplement heureuse que mes laborieux efforts m’aient valu une telle récompense.

X x x à ma Maman pour son anniversaire

Sivvy »

(Sylvia Plath, le 25 avril 1953)

À lire à propos de Sylvia Plath

Claude Pujade-Renaud : Les femmes du braconnier : Actes Sud, 2010 (Domaine français)
C’est en 1956, à Cambridge, que Sylvia Plath fait la connaissance du jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d’une force et d’une séduction puissantes. Très vite, les deux écrivains entament une vie conjugale où vont se mêler création, passion, voyages, enfantements. Mais l’ardente Sylvia semble peu à peu reprise par sa part nocturne, alors que le « braconnier  » Ted dévore la vie et apprivoise le monde sauvage qu’il affectionne et porte en lui.

Valérie Rouzeau : Sylvia Plath : un galop infatigable : Jean-Michel Place, 2003  (Poésie)

Emma Tennant ; trad. de l’anglais par Marie-Claude Peugeot : La ballade de Ted et Sylvia : Le Rocher, 2001  (Anatolia)
Une version romancée de la rencontre, du mariage et de la séparation tumultueuse des poètes Sylvia Path et Ted Hughes. Sylvia a lu les poèmes de Ted avant même de faire sa connaissance, et c’est en lui récitant ses propres poèmes qu’elle affronte le jeune et beau poète lors de leur première rencontre à Cambridge…

De Sylvia Plath

Ariel : éd. et trad. de l’anglais par Valérie Rouzeau : Gallimard, 2009  (Du monde entier)
Quand Ariel parut en 1965, deux ans après que Sylvia Plath s’était donné la mort à Londres, par l’un des hivers les plus froids qu’ait connu l’Angleterre, le poète américain Robert Lowell écrivit un article mémorable dans lequel il déclara en substance : Ariel est un événement majeur de l’histoire de la littérature. Voici venue la fin des poétesses »

Arbres d’hiver ; précédé de La traversée : présentation de Sylvie Doizelet ; traductions de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau : Gallimard, 1999 (Poésie ; 339)

Journaux : 1950-1962 : préf. par Ted Hughes ; trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Christine Savinel : Gallimard, 1999  (Du monde entier)

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Lettres
Bernard-Marie Koltès
Editions de Minuit

« Je reste persuadé que la vie est ce qu’on en fait, et qu’il n’est pas d’âge qui soit particulièrement malheureux si ce n’est celui où l’on abandonne la partie et on peut l’abandonner à tout âge. Je trouverai la vie laide le jour où je me mettrai assis et ne voudrai plus me relever. Pour le moment – pour moi -, vingt ans, c’est l’âge d’une grande décision ; c’est l’âge où je risque ma vie, mon avenir, mon âme, tout, dans l’espoir d’obtenir plus ; c’est l’âge où je travaille sans filet. C’est terrible, bien sûr… mais n’est-ce pas cela, vivre ? Il me semble que je ne pourrai pas dire, plus tard, d’un air désabusé: « Ah ! Si j’avais vingt ans ! »; je ne crois pas non plus que je pourrais gémir en disant: « Vingt ans : une bien triste période… » Je ne souhaite qu’une chose : c’est d’être capable toute ma vie de prendre des risques et ne jamais vouloir m’arrêter en chemin. N’est-ce pas cela, « avoir toujours vingt ans ? » »

(Lettres : Bernard-Marie Koltès, éd. De Minuit, 2009)

« Metteur en scène et cinéaste, Patrice Chéreau a fait connaître Koltès en France au cours des années 1980, entretenant avec lui une complicité professionnelle rare et un « lien durable ».

C’est en voyant en 1976 La Dispute de Marivaux mise en scène par Patrice Chéreau que Bernard-Marie Koltès a eu envie de travailler avec lui. A partir de 1983, Chéreau monte la plupart des pièces de Koltès au théâtre Nanterre-Amandiers, qu’il dirige et dont il inaugure la première saison avec Combat de nègre et de chiens. Il crée Quai Ouest en 1986, puis trois versions de Dans la solitude des champs de coton (avec Laurent Malet-Le Client, et Isaach De Bankolé-Le Dealer, en 1987 ; avec Laurent Malet et Patrice Chéreau en 1989 ; avec Pascal Greggory et Patrice Chéreau en 1995). Cette pièce fera le tour du monde. Chéreau créera encore Le Retour au désert, en 1988, peu avant la disparition de Koltès. »

(Source : www.magazine-litteraire.com)

À propos de Bernard-Marie Koltès

Anne Ubersfeld : Bernard-Marie Koltès : Actes sud, 1999

Bernard-Marie Koltès : Europe, 1997  (Europe ; 823-824)

Bernard Desportes : Koltès, la nuit, le Nègre et le néant : Bartavelle, 1993

De Bernard-Marie Koltès  aux éditions de Minuit

Procès ivre, 2001

La Nuit juste avant les forêts, 1993

Combat de nègre et de chiens suivi des Carnets, 1992.

Dans la solitude des champs de coton, 1990.

Roberto Zucco suivi de Tabataba, 1990.

http://www.bernardmariekoltes.com/

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En 1996, année du tricentenaire de la mort de Mme de Sévigné, naissait à Grignan (Drôme) le Festival de la correspondance, à l’initiative de Bruno Durieux (ancien Ministre et Maire de Grignan).
Le Festival de la correspondance de Grignan, célèbre l’art épistolaire, s’attache aux correspondances de toutes les époques et sous toutes ses formes, des plus traditionnelles aux plus contemporaines. Il rassemble et découvre des artistes interprètes et auteurs remarquables en s’ouvrant sur des spectacles et des lectures, riches et puissants, théâtraux ou lyriques, du répertoire ou inédits. Il invite également des écrivains, universitaires et chercheurs, propose des ateliers d’écriture ou de calligraphie, soutient des artistes plasticiens, édite des correspondances, installe des chambres d’écriture et de lecture, reflet incontestable de l’intérêt pour l’écrit et la lecture.

Le prochain festival se déroulera  du mercredi 7 au dimanche 11 juillet 2010.



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