Correspondances d’écrivains (1)

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Dans le cadre du festival de la correspondance qui se déroule du 7 au 11 juillet à Grignan, la médiathèque vous propose quelques extraits de correspondances d’écrivains (Mme de Sévigné, Arthur Rimbaud, Virginia Woolf, Truman Capote, Sylvia Plath et Bernard-Marie Koltès).

L’art épistolaire appartient à toutes les époques : de l’Antiquité (Cicéron, Pline le Jeune), au Moyen Âge (Abélard et Héloïse) et à l’époque moderne (Goethe, Flaubert, Baudelaire, Zola…). Dans un nombre appréciable de cas, les lettres échangées étaient d’emblée destinées par leurs auteurs à la publication. Les correspondances d’écrivains (…) concourent à une meilleure connaissance de l’auteur et de la vie littéraire de son époque. (Source : Dictionnaire des termes littéraires, Honoré Champion, 2001)

Voici quelques extraits…

Lettres
Madame de Sévigné
G-F / Flammarion

A Madame de Grignan

(Aux Rochers, dimanche 21 juin  1671)

(…) J’avais fort envie de savoir quel temps vous aviez en votre Provence, et comme vous vous accommodez des punaises. Vous m’apprenez ce que j’avais dessein de vous demander. Pour nous, depuis trois semaines, nous avons eu des pluies continuelles ; au lieu de dire, après la pluie vient le beau temps, nous disons, après la pluie vient la pluie (…)

Nous lisons fort ici. La Mousse* m’a priée qu’il pût lire le Tasse avec moi : je le sais fort bien parce que je l’ai très-bien appris ; cela me divertit : son latin et son bon sens le rendent un bon écolier ; et ma routine, et les bons maîtres que j’ai eus, me rendent une bonne maîtresse. Mon fils nous lit des bagatelles, des comédies, qu’il  joue comme Molière ; des vers, des romans, des histoires ; il est fort amusant, il a de l’esprit, il entend bien, il nous entraîne, et nous a empêchés de prendre aucune lecture sérieuse, comme nous avions le dessein. Quand il sera parti, nous reprendrons quelque belle morale de ce M. Nicole. Il s’en va dans quinze jours à son devoir. Je vous assure que la Bretagne ne lui a point déplu (…)

Adieu, ma très-aimable bonne, embrassez M. de Grignan pour moi. Vous lui pouvez dire les bontés de notre abbé. Il vous embrasse cet abbé, et votre fripon de frère. La Mousse est  bien content de votre lettre ; il a raison, elle est aimable.

Pour ma très-bonne et très-belle, dans son château d’Apolidon

(*Abbé de La Mousse : Ami de Mme de Sévigné, l’accompagne quelque fois en Bretagne)

À propos de Madame de Sévigné

Françoise Hamel : « Ma chère mère… » : Quand Mme de Grignan répondait à Mme de Sévigné : Pocket, 2006.
Mme de Sévigné, adressa à Mme de Grignan, sa fille, deux lettres par semaine pendant vingt-cinq ans. Il ne reste aujourd’hui aucune trace des réponses de Mme de Grignan. Elles sont ici réinventées, apocryphes, constituant une sorte de roman de la vie de Mme de Grignan.

Anne Bernet : Madame de Sévigné : mère passion : Perrin, 1996.

Josée et Philippe Chomel : Madame de Sévigné à Grignan : une épistolière en Provence : Aubanel, 1996.

Madame de Sévigné vue par des écrivains, de Bussy-Rabutin à Philippe Sollers : Le Seuil, 1996. (L’Ecole des lettres)

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Correspondance
Arthur Rimbaud
Fayard

« L’homme était grand,  bien bâti, presque athlétique, au visage parfaitement ovale d’ange en exil, avec des cheveux châtain clair mal en ordre et des yeux d’un  bleu pâle inquiétant »

Paul Verlaine, Les poètes maudits

« Cher Maître,

Nous sommes aux mois d’amour ; j’ai presque dix-sept ans. L’âge des espérances et des chimères, comme on dit, – et voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de la Muse, – pardon si c’est banal, – à dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des poètes moi j’appelle cela du printemps.

(…) Ne faîtes pas trop la moue en lisant ces vers :

… Vous me rendriez fou de joie et d’espérance, si vous vouliez, cher Maître, faire à la pièce Credo in unam une petite place entre les parnassiens,

… Je viendrais à la dernière série du Parnasse : cela ferait le Credo des poètes !… –Ambition ! ô Folle ! »

(Rimbaud à Théodore de Banville, Charleville, le 24 mai 1870)

À propos d’Arthur Rimbaud

Claude Jeancolas : Rimbaud : Flammarion, 1999. (Grandes biographies)              .

Yves Bonnefoy : Rimbaud : Le Seuil, 1994  (Ecrivains de toujours)

La poésie d’Arthur Rimbaud

Œuvres poétiques 1 et 2 : Une saison en enfer ; Les illuminations : ill. par Jean-Pierre Tertre : Nouvelle Librairie de France, 1980.

À propos de Paul Verlaine

Correspondance générale de Verlaine, 1 : 1857-1885 : éd. de Michael Pakenham : Fayard, 2005.

Poèmes saturniens suivi de Fêtes galantes : Librio, 1995 (Librio ; 62)

Henri Peyre : Rimbaud vu par Verlaine: Nizet, 1975.

La suite le 09/07…



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